M comme Moulins.
Voici une photo très rare de la rue des Moulins dans le sens Bordial – Grognon. (voir où c’est)
A l’aide de votre souris (ou de votre doigt), faites glisser le bouton central (le rond à double-flèche) de gauche à droite sur l’image pour comparer les deux photos.
Aspects historiques
1) Lisons simplement l’article de M. Dejollier (R. DEJOLLIER, Namur, Ses faits divers entre deux guerres, Namur, 1994, pp.205-207) concernant la rue des Moulins:
« La ville de Namur a été propriétaire d’un patrimoine architectural incomparable. Elle a exproprié et racheté ce qu’elle a appelé des taudis, mot vulgaire qui n’en était pas un, et au lieu d’adopter comme d’autres villes le principe de la rénovation, elle a choisi la pioche. Nos administrateurs communaux ont choisi cette formule de facilité et ont fait fi des remarques de la Commission des sites, des journaux locaux et de l’intérêt local.
Prenons connaissance de cette lettre signée: « Un vieux namurois » parue le 7/11/1933 dans le journal « Vers l’Avenir »:
« Réjouissons-nous! La question de la rue des Moulins est de nouveau posée et tout espoir n’est pas perdu de sauver ce vieux coin de Namur. Aux partisans de la démolition, est-il permis d’opposer les arguments de la reconstruction? On ajoute le spectre des taudis…Jamais personne n’a eu l’idée de réhabiter ces immeubles sans une très sérieuse restauration. Le quartier est malsain? Mais pourquoi là et pas de l’autre côté de la rue ou cinquante mètres plus loin? Il y a moyen de donner à ces maisons air, lumière et clarté. Alors, le problème se résume à une question esthétique et à une question financière. Au point de vue esthétique, les façades, dit-on, n’ont aucune valeur. Nous en convenons, en ce sens qu’aucune de ces pierres n’a de valeur esthétique en elle-même, pas plus que les vieilles briques de Bruges. Mais ces vieilles maisons, qui surplombent la Sambre, sont, avec notre vieux pont de Jambes, les rares points de vue pittoresques qui nous restent du vieux Namur, et, quoiqu’on en dise, les seuls admirés par les étrangers.
Et que nous propose-t-on? Provisoirement, un trou, avec des pignons délabrés et branlants; pour plus tard, un boulevard , avec comme façade l’autre côté de la rue des Moulins d’une part et le dos des maisons de la rue des Brasseurs d’autre part. Comme pittoresque, il y a mieux. Ah! Certes, on nous promet d’arranger toutes ces façades en style mosan. Ce sera fait dans 10 ou 15 ans au plus tard et personne ne peut évaluer ceque pareil travait coûtera aux finances communales.
Et puisqu’on parle de finances, et que cet argument est utilisé par les partisans de la démolition, je voudrais poser deux questions. Ces maisons restaurées pourront être louées et vendues, avec des réserves,et rémunérer ainsi de façon satisfaisante les capitaux avancés pour la restauration. Que coûteront à la ville l’achat et la démolition des maisons à acheter, du boulevard à créer, des façades à transformer? Au point de vue financier comme au point de vue esthétique, il semble que les partisans de la restauration tiennent le bon bout et les namurois cent pour cent ne verraient, sans serrement de coeur, disparaître cesvieilles pierres chargées des souvenirs des aïeux qui font le charme et la poésie de notre cité »
2) La rue des Moulins, comme tout le quartier des Sarrasins, avait très mauvaise réputation… Outre l’ « esthétisme », déjà évoqué dans un autre article, les aspects « proprété », « hygiène », »insalubrité », « épidémies » seront traités ultérieurement.
Cette rue avait également d’autres « vertus » qui contribuaient à entretenir soit sa « célébrité », soit sa mauvaise réputation…
Je cite H. Patout Libion, (…le quartier des Sarrasins…, p.10.)
« Le « Génie », de la citadelle, et le « 13è de ligne », en ville, fréquentaient le café Houflin, le cabaret Sana et le célèbre « Chez les Zoulous » où vivaient cinq jeunes filles. Selon un vieux namurois, il y aurait eu un autre cabaret appelé « Aux quatorze fesses » parce que sept jeunes filles y habitaient… »
Ces « activités », cadrant très mal avec les moeurs de Namur la « Puribonde » de l’époque, ont peut-être précipité la fin de cette rue…Il y a d’autres exemples auxquels je ferai allusion.
3) Les épidémies de choléra étaient fréquentes au 19è siècle. La rue des Moulins, aujourd’hui disparue, fut la plus touchée par celle qui éclata à Namur en 1842 et qui toucha également les rues Saint-Nicolas et de la Basse-Neuville. Le choléra sema de nouveau la terreur à Namur en 1866: 1075 personnes furent touchée et 501 périrent.